
📎 Et si enseigner le droit devenait un acte de résistance… même en prison, même avec presque rien ?
Durant ses 27 années de détention, dont 18 passées sur l’île-prison de Robben Island, Nelson Mandela n’a pas seulement survécu. Il a transmis. Avec ses codétenus, dans les cours de promenade, les ateliers de travail forcé ou les cellules étroites, il a partagé ses connaissances en droit, en politique et en stratégie.
Ce travail discret, presque invisible pour le monde extérieur, a contribué à former une génération entière de militants sud-africains, en leur donnant des outils pour comprendre, contester, négocier, et reconstruire.
📚 Une éducation clandestine malgré la censure
Robben Island n’était pas un lieu de réhabilitation. C’était un espace de punition, conçu pour briser la volonté des opposants politiques. Les prisonniers du Congrès national africain (ANC), comme Mandela, y étaient astreints à des travaux pénibles et privés d’information.
L’accès aux livres et aux journaux était strictement limité. Les gardiens censuraient les lettres et contrôlaient les échanges. Et pourtant, une véritable école informelle s’est mise en place. Mandela et d’autres prisonniers expérimentés formaient leurs camarades : droit, histoire politique, organisation collective.
Avec une pointe d’ironie, beaucoup d’entre eux ont surnommé cet effort l’« université de Robben Island ».
🧠 Un savoir pour préparer l’avenir
L’objectif n’était pas seulement d’occuper le temps. Ces enseignements visaient à préparer les détenus à jouer un rôle actif après leur libération :
– devenir des cadres politiques,
– se défendre face aux autorités,
– diffuser une culture des droits au cœur d’un système fondé sur l’injustice.
Certains, analphabètes à leur arrivée, ont appris à lire et écrire grâce à la solidarité de leurs camarades. D’autres sont sortis capables de négocier, d’argumenter, de concevoir des stratégies collectives.
Ce savoir transmis dans l’ombre a nourri la transition pacifique vers la démocratie.
🌍 Des effets bien au-delà des barreaux
Il n’y eut pas de salles de classe officielles, ni de reconnaissance publique. Mais cette formation souterraine a façonné une élite politique capable de construire, en 1994, une Afrique du Sud fondée sur une constitution démocratique et l’état de droit.
La fin de l’apartheid s’est certes jouée dans les négociations de dernière minute, mais elle s’est aussi préparée, patiemment, derrière les murs de Robben Island.
💬 Une leçon toujours actuelle
Ce qui s’est passé à Robben Island rappelle une chose : transmettre un savoir, même dans la clandestinité et avec presque rien, reste l’un des actes les plus puissants de transformation sociale.
Dans nos vies quotidiennes, cela peut nous inspirer :
– partager un savoir avec quelqu’un qui n’y a pas accès,
– expliquer ses droits à une personne vulnérable,
– écrire ou diffuser un contenu utile, même modeste,
– prendre le temps de former, sans attendre de reconnaissance.
Apprendre est une liberté. Enseigner, c’est la multiplier.
Et même dans les pires conditions, une simple discussion ou une phrase écrite à la main peut devenir un outil d’émancipation.
Voilà peut-être l’une des traces laissées par Mandela à Robben Island : le savoir est une force que même les barreaux ne peuvent retenir.