
🌿 Et si nourrir un inconnu avait été, autrefois, un devoir social ?
Chez les anciens peuples celtiques – notamment en Irlande –, l’hospitalité n’était pas seulement une vertu : c’était un devoir codifié, appelé oigidecht, selon les anciennes lois brehonnes. Chaque foyer était tenu d’accueillir le voyageur, même inconnu, en lui offrant repas, boisson, un lit et même un divertissement culturel.
🏠 Une structure socialement organisée
Lorsque ces invités honorés se présentaient, ils n’avaient pas à payer : en échange, ils offraient leurs récits, chants, poèmes ou savoirs. Ils étaient souvent :
- des conteurs, poètes ou bardes,
- des voyageurs en mission ou en apprentissage,
- des druides itinérants,
- ou encore des individus appartenant à des catégories honorées, comme les anciens ou les hôtes diplomatiques.
La culture, la mémoire, la spiritualité circulaient, renforçant ainsi le patrimoine collectif.
📜 Un système de réciprocité différée
Les lois brehonnes fixaient aussi des établissements officiels – les bruideans, auberges rurales administrées par des briugus – pour soulager les familles d’un accueil trop lourd. (Les lois brehonnes (ou Brehon Laws, en anglais) sont l’ancien système juridique de l’Irlande pré-chrétienne et médiévale, en usage pendant plus de mille ans, jusqu’à leur suppression progressive par les Anglais à partir du XIIe siècle, puis surtout sous les Tudor aux XVIe et XVIIe siècles.)
🌍 Un legs culturel durable
Comprendre l’oigidecht permet de voir qu’il n’était pas unique aux Celtes : d’autres cultures partageaient cette logique. Mais chez eux, elle a perduré jusqu’à la féodalité, se transformant avec le temps. Les pratiques rurales, les veillées, les artistes populaires du XIXᵉ siècle en sont les héritiers lointains.
Ce système valorisait la richesse relationnelle : le don des savoirs, de l’écoute, de la présence, bien au-delà du tangible.
💬 Une leçon encore actuelle
Aujourd’hui, l’échange marchand domine. Pourtant, la mémoire de l’oigidecht nous rappelle une autre vision : un repas, un moment, une écoute offerts sans attente sont des gestes fondamentaux.
➡️ Offrir un repas à un passant… ➡️ Accueillir une histoire, un chant, une pensée… ➡️ Donner un temps d’attention désintéressée…
Ce sont là de petites actions structurantes, directes héritières de cette hospitalité celtique.
C’est peut-être cela, au fond, que nous ont transmis les Celtes : ce que l’on offre sans attendre est parfois ce qui construit les liens les plus durables.