Une Histoire de Partage (12) : les cours gratuits de Maria Montessori

👩‍🏫 Et si offrir une formation gratuite à des parents pauvres pouvait transformer une société entière ?

Au début du XXe siècle, Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne, développe une méthode éducative nouvelle. On connaît souvent ses classes, son matériel, son approche de l’autonomie. Mais on oublie que l’un de ses principes fondamentaux était aussi social : rendre l’éducation accessible aux enfants les plus défavorisés, en formant gratuitement leurs parents.


🏘️ Une pédagogie née dans un quartier pauvre

La première Casa dei Bambini ouvre en 1907, dans le quartier ouvrier de San Lorenzo, à Rome. Le public est clair : des enfants de familles très modestes, peu ou pas scolarisés, souvent considérés comme inéducables.

Montessori y expérimente une approche centrée sur l’enfant, l’observation, le respect du rythme individuel, et l’utilisation de matériel sensoriel. Les résultats surprennent : les enfants développent une grande concentration, un goût pour le travail bien fait, et une véritable autonomie.

Mais Maria Montessori comprend très vite que l’école, à elle seule, ne suffit pas. Si l’environnement familial reste instable, ou si les parents n’ont pas accès à une compréhension des besoins de leurs enfants, les effets positifs de l’école risquent de s’effacer.


🧩 Former les parents, gratuitement et sans conditions

Montessori organise alors des sessions de formation gratuites pour les familles pauvres, en particulier les mères. Elle leur explique comment accompagner l’enfant à la maison, comment l’aider à devenir autonome, comment éviter les punitions arbitraires, comment encourager la curiosité naturelle.

Ces formations ne sont pas techniques ni scolaires. Elles sont pratiques, fondées sur l’observation et l’échange. Surtout, elles ont un objectif clair :

aider les parents, même très modestes, à devenir des partenaires actifs dans le développement de leur enfant.

Ce choix est radical pour l’époque, où l’éducation était souvent réservée à une élite, et où les familles pauvres étaient perçues comme défaillantes ou ignorantes. Montessori affirme au contraire que toute famille mérite un accès au savoir éducatif, sans sélection.


🌍 Un impact mondial

Le projet social de Maria Montessori a eu des répercussions bien au-delà de l’Italie. Dès les années 1910, elle forme des éducateurs dans plusieurs pays et insiste, dans chaque contexte, sur l’inclusion des familles pauvres dans le processus éducatif.

Cette orientation se retrouve encore aujourd’hui dans :

  • les écoles Montessori communautaires en Inde,
  • les programmes d’éducation parentale dans les quartiers défavorisés,
  • ou les centres de formation gratuits pour familles sans ressources.

Ce modèle a contribué à faire évoluer la perception du rôle des parents dans l’éducation, et à rendre la pédagogie accessible à ceux qui en étaient traditionnellement exclus.


💬 Une morale toujours d’actualité

L’exemple de Maria Montessori nous rappelle une chose essentielle :
le droit à une éducation de qualité ne devrait jamais dépendre du niveau de revenu.

Et cela va plus loin :

partager un savoir éducatif avec quelqu’un qui n’en a pas les moyens, c’est un acte de justice.
croire que chaque parent peut apprendre, c’est refuser de figer les inégalités.
proposer gratuitement ce que l’on sait, c’est faire circuler ce qui fait grandir.

Dans notre quotidien, cela peut se traduire simplement :

– expliquer une méthode à un parent qui se sent dépassé,
– proposer un atelier ouvert à tous sans condition,
– diffuser gratuitement des ressources éducatives,
– ou simplement dire : “Tu peux y arriver, et je peux t’aider à comprendre comment.”

Car rendre un savoir accessible, c’est donner à quelqu’un le pouvoir d’éduquer avec confiance.
Et cela, à long terme, peut transformer bien plus que des écoles : ça transforme des vies.